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Maïa, sage femme
21 décembre 2015

Doula-la !!

Une discussion a attiré mon attention sur mon résau social préféré. Il parlait des doulas, ou accompagnatrices à la naissance.

Il s'agit de femmes, qui après une formation d'une trentaine de jours, " vient en supplément d’un suivi médical classique des futurs parents, apportant une relation de continuité entre la grossesse, l’accouchement, la naissance et les suites. Elle accompagne les accouchements en structure (hôpital ou clinique), avec l’accord de l’équipe médicale."

Le métier de doula est non reconnu en France. Et créé une vive réaction épidermique chez les sages-femmes. Chez moi aussi d'ailleurs, de prime abord...

Parce que bon, les élections m'ont fait réfléchir... Ce n'est pas le tout d'avoir une réaction de rejet épidermique à propos de quelque chose ! Il faut comprendre le pourquoi de cette chose, pour pouvoir lutter convenablement.

Et pourquoi le métier de doula prend-il forme, de manière certes très anecdotique à ce jour, dans le monde de la naissance ? Quelques pistes de réflexion :

1. Le monde médical est de plus en plus centré sur la technique, de moins en moins sur l'humain. Il suffit de constater que la clinique (ou l'art de faire parler un corps par l'observation, l'examen physique...) a de moins en moins de place dans le monde moderne. On nous rabat les oreilles de résultats d'examens, mesures par machines, et autres mises à distance du corps. Une amie m'a même récemment parlé de "MAP de découverte échographique" !!! Je traduis et vous comprendrez mes points d'exclamation : on mesure la longueur du col de l'utérus, ce sans signe d'appel (c'est à dire sans contractions), et s'il est jugé trop court, la patiente est étiquetée MAP... Soit même pas besoin d'avoir un problème, on vous en trouve un quand même !!! Quand en plus on sait que la médecine n'a pas encore trouvé le moyen de retarder un accouchement prématuré, vous m'expliquerez l'intérêt !!!!!

2. La périnatalité (et la médecine en général mais parlons de ce qui nous intéresse) est guidée par des gestionnaires. Il faut des chiffres, des preuves, des évidences actées... Bref, il faut quantifier. Comment quantifiez vous l'humain ?

3. Les sages-femmes elles-mêmes sont à blâmer ! Un corps de métier qui n'arrive pas à se rassembler pour se battre pour les choses importantes et qui se laisse bouffer par des gueguerres interrnes... Un corps de métier qui se contente, au quotidien, de faire ce qu'on lui dit, même si cela va à l'encontre de l'intérêt de la patiente, parce que si elle l'ouvre, elle risque de troubler la tranquilité de son travail par des remontrances ou même des menaces ou des réprimandes. Un coprs de métier dont les dirigeantes ont manifestement oublié pour qui et quoi ils sont censés travailler (ça me rappelle encore quelque chose, ça...)... Bref, un corps de métier trouillard et sans valeurs ! Bon bien sur qu'il y en a qui, au quotidien, luttent pour leurs patientes, se battent pour des idées, font avancer les choses !!! Heureusement d''ailleurs !!! Mais je parle du gros de la troupe, qui a globalement baissé les bras, s'ils ont jamais été levés un jour !

 

Et ça donne quoi ? Ca donne des patientes seules, effrayées par le monde médical qui fait à peu près tout pour qu'elles ne puissent pas vivre sereinement leur grossesse (ah bah ça aussi, ça me rappelle quelque chose...) ! Qui ont besoin qu'on leur tienne simplement la main et qu'on leur demande comment ça va, en écoutant réellement leur réponse ! Qu'on écoute les peurs, les angoisses, les micro-symptômes (micro pour nous, mais pas pour elles), qu'on leur explique ce qui se passe dans leur corps et pourquoi c'est normal au lieu de tout de suite regarder en quelle mesure ça n'est pas une pathologie grave, qu'on les accompagne dans la longue gestation d'une maman... Et ça donne donc des doulas !!! La boucle est bouclée !!!

Alors j'espère que mes patientes ne ressentent pas ce besoin, j'espère que je pratique suffisamment bien mon métier pour le faire dans sa globalité tant médicale qu'humaine. Mais je comprends que certaines ressentent le besoin de ce type d'accompagnement. A nous de faire en sorte qu'elles n'en aient pas besoin, même si c'est difficile, même si le chantier est titanesque. C'est mon rêve de sage-femme.

Et comme disait Oscar Wilde, "la sagesse, c'est d'avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu'on les poursuit."

eric_frey_infini

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