Et les papas, alors ?

J'ai déjà réagi sur la place donnée aux pères pendant la pandémie de notre cher corona (Vaya Corona !!! Donde està el papa ? - Maïa, sage femme (canalblog.com) ), et j'avoue que la place du parent non gestant (c'est beau, ça, non ? Mais en même temps, 2ème parent, père ou autre parent ne me conviennent pas non plus vraiment, alors je me réfugie dans la science ;-) ) est super importante pour moi !

Ca fait plusieurs années que j'ai mis en place à mon cabinet une "soirée papa" ou "papapero" (pas très gender neutral, je l'avoue, mais j'ai pas encore trouvé un titre aussi fun que papapero, je prends les suggestions !!!). On se réunit, avec les moitiés des femmes que je suis, sans elles, et on parle de ce que veut dire devenir père (en fait soyons honnêtes, je n'ai quasiment que des hommes), autour d'une bière (plus rarement une bouteille de whisky, faut pas déconner). 

C'est super sympa, une bonne ambiance, et ça fait plaisir de voir que la participation active des participants est grandissante. On parle du lien avec le père qu'on a eu, on parle de nos propres limites, on parle du rapport à sa femme, on parle de sexe, on parle d'intimité, et la liste est non exhaustive...

En fait, ce qui me dérange le plus est ce genre de séance soit plus une exception que la norme dans le parcours des familles en construction. Préparer la mère, bien entendu, mais si on ne prépare qu'elle, on sous entend que l'autre n'a pas besoin d'être préparé. 

Pourquoi ??? 2 possibilités : soit il sait déjà, soit il n'a pas besoin d'être aidé pour avancer sur la thématique... Et soyons honnête, ni l'un ni l'autre n'est vrai ! Résultat : ça fait encore une sacrée inégalité, non ? Alors, peut être qu'il y aurait des réflexions du genre "ras le bol de ce féminisme qui voit des inégalités partout !". OK, certes, mais là, l'inégalité elle est dommageable pour les deux, non ? 

Je vous explique : la femme est déjà en position d'experte puisqu'on l'a "préparée", donc à elle ce fardeau là (oui, quand on est pas expert et qu'on est mis dans cette position, la charge psychologique est forte). L'homme n'est pas aidé à trouver sa place dans l'équipe parentale et dans la famille en dehors des repères ancestraux et disons le, plutôt décalés à notre époque. Et c'est un poids également très lourd !

Pour qu'une équipe fonctionne, il faut que les différents membres de cette équipe soit à peu près armés pour leur rôle. Ils pourront ensuite découvrir les surprises de la vie, s'y adapter, créer leur unique organisation, mouvante dans le temps. Mais ils vont le faire ensemble, en se portant l'un l'autre, en s'épaulant réciproquement, bref, en équipe donc... La suite de leur vie n'en sera que moins ardue (parce que soyons réalistes, accueillir un enfant dans son couple est un sacré challenge à tous les niveaux, notamment dans le couple).

On attend beaucoup des papas, à juste titre d'ailleurs. L'organisation actuelle des familles fait que leur place est bien plus grande dans les premiers temps avec un enfant qu'avant. Mais justement, c'est plutôt récent dans l'histoire de notre société et la transmission parentale à ce sujet n'est pas forcément très aidante. A nous de les aider à avancer là dessus. Les préparer, c'est préparer des couples, des familles, les générations futures (non, non, je ne m'emballe pas !). Mais c'est aussi lutter contre le sexisme, faire doucement tomber les stéréotypes, etc... Bref, avancer vers un monde meilleur !

Je vous ai déjà dit que j'aurai du être miss France, ça aurait été mon speech de présentation !

Mais revenons à nos moutons papas. Ce qui est canon, c'est que j'ai de moins en moins de papas qui viennent pour "la paix du ménage" ou qui sont étonnés d'avoir appris quelque chose (un papa m'a dit un jour, plutôt étonné, "vous avez répondu à des questions que je ne savais même pas avoir". Ca fait plaisir) ! La demande est là !  Alors lançons nous !